Le mariage du Prophète (saws) avec Khadîja

 

L'âge du Prophète (saws) lors de ce mariage

Ibn Hishâm dit : D'après nombre de savants, selon Abû 'Amr Al-Madanî, lorsque le Messager de Dieu (saws) eut 25 ans (21 ans ou encore 30 ans dans certaines variantes), il épousa Khadîjah Bint Khuwaylid Ibn Asad Ibn 'Abd Al-'Uzzâ Ibn Qusayy Ibn Kilâb Ibn Murrah Ibn Ka'b Ibn Lu'ayy Ibn Ghâlib. 

Khadîja (ra) était surnommée "La Pure dans la jâhiliyyah et dans l'islam". Dans les Siyar d'At-Taymî, on dit qu'elle était qualifiée de "la Dame des femmes de Qoraysh".

Avant d'épouser le Messager de Dieu (saws) , elle fut l'épouse de 'Atîq Ibn 'Â'idh Ibn 'Abdillâh Ibn 'Amr Ibn Makhzûm duquel elle enfanta un garçon qui se prénomme 'Abd Manâf. Az-Zubayr rapporte qu'elle donna à 'Atîq une fille qui se prénommait Hind. Elle épousa ensuite Hind Ibn Zurârah, à qui elle donna un fils qui s'appelait Hind également ; il est mort de la peste - la peste de Bassorah. Elle lui donna deux autres fils : At-Tâhir et Hâlah.

Son travail pour le compte de Khadîjah

Ibn Ishâq dit : Khadîjah Bint Khuwaylid était une femme d'affaires noble et fortunée. Elle louait les services d'hommes pour s'occuper de son commerce contre un intéressement aux bénéfices. L'activité principale des Qorayshites était en effet le commerce. Lorsqu'elle entendit parler du Messager de Dieu (saws) notamment de sa véridicité, de sa grande honnêteté et de la noblesse de son caractère, elle le fit venir et lui proposa de prendre la responsabilité de sa caravane de commerce en partance pour le Shâm (dans la grande Syrie, qui engobe la Palestine, la Jordanie, le Liban et la Syrie actuelle) avec son serviteur Maysarah, contre la meilleure rémunération qu'elle accordait jusqu'alors aux autres commerçants. Il accepta cette offre et partit avec Maysarah pour le Shâm.

L'entretien de Maysarah avec le moine

Une fois arrivé, le Messager de Dieu (saws) se reposa à l'ombre d'un arbre près de la hutte d'un moine. Le moine alla voir Maysarah et lui demanda :
« -Qui est cet homme à l'ombre de l'arbre ?
-C'est un homme de Qoraysh, des environs du Sanctuaire lui répondit l’esclave.
-Seul un prophète se reposerait à l'ombre de cet arbre ! »

Le moine voulait probablement dire que seul un prophète se reposerait à l'ombre de cet arbre à cet instant précis. En effet, malgré l'apparence générale de l'énoncé, il est impensable d'affirmer que seuls les prophètes s'y reposaient vu que cela faisait très longtemps qu'il n'y avait pas eu de prophètes. De plus, les arbres ne vivent pas suffisamment longtemps pour que l'on sache que le dernier prophète à s'y être arrêté était ‘Issa (as) , ou tout autre prophète (as). De même, il est impensable que personne ne s'arrête à l'ombre de cet arbre sauf un prophète, à moins que ne soit authentique la tradition qui rapporte que «  ’Issa fut le dernier à s'y être arrêté », sachant que cette tradition n'est pas due à Ibn Ishâq. Dans ce cas, cet arbre particulier serait en lui-même un miracle. Enfin, on rapporte que ce moine s'appelait Nestor, à ne pas confondre avec Bahîrâ qui est le moine que le Prophète (saws) avait rencontré lorsqu’il (saws) était plus jeune lors de son voyage avec son oncle Abou Tâlib.

Puis le Messager de Dieu (saws) vendit sa marchandise et acheta les articles qui l'intéressaient avant d'emprunter la route du retour avec Maysarah. D'après ce qu'on raconte, chaque fois que la chaleur s'accentuait, Maysarah voyait deux anges faire de l'ombre au Prophète (saws) alors qu'il était sur sa monture. Lorsqu'il (saws) rentra à la Mecque et restitua à Khadîjah (ra) ses biens, elle réalisa un profit double ou presque. Maysarah lui relata la parole du moine et lui expliqua comment deux anges lui faisaient de l'ombre pendant le trajet.

Khadîjah souhaite épouser le Prophète (saws)

Khadîja (ra) était une femme exigeante, noble et intelligente, pour ne citer que ces qualités là parmi les dons que Dieu (swt) lui avait accordés. Lorsque Maysrah lui eut témoigné de tout ce qu'il avait vu, elle fit venir le Messager de Dieu (saws) et, d'après ce qu'on raconte, lui dit : "Cousin, je suis bien disposée à ton égard étant donné nos liens de parenté, la place d'honneur que tu occupes parmi les tiens, ton honnêteté, la noblesse de ton caractère et la véridicité de ta parole." Puis, elle lui proposa de l'épouser. Khadîjah jouissait de la meilleure lignée parmi les femmes de Qoraysh, elle était la plus noble et la plus fortunée ; tout homme de son clan aurait souhaité l'épouser, si elle lui avait accordé ce privilège.

La lignée de Khadîjah (ra)

Elle s'appelait Khadîjah Bint Khuwaylid Ibn Asad Ibn 'Abd Al-'Uzzâ Ibn Qusayy Ibn Kilâb Ibn Murrah Ibn Ka'b Ibn Lu'ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr.

Sa mère s'appelait Fâtimah Bint Zâ'idah Ibn Al-Asamm Ibn Rawâhah Ibn Hajar Ibn 'Abd Ibn Ma'îs Ibn 'Âmir Ibn Lu'ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr.

La mère de cette dernière s'appelait Hâlah Bint 'Abd Manâf Ibn Al-Hârith Ibn 'Amr Ibn Ma'îs Ibn 'Âmir Ibn Lu'ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr.

La mère de Hâlah s'appelait Qilâbah Bint Su'ayd Ibn Sa'd Ibn Sahm Ibn 'Amr Ibn Husays Ibn Ka'b Ibn Lu'ayy Ibn Ghâlib Ibn Fihr.  

Le prophète épouse Khadîjah après avoir consulté ses oncles

Le Messager de Dieu (saws) demanda conseil à ses oncles. Ensuite, son oncle Hamzah Ibn 'Abd Al-Muttalib (ra) L’accompagna chez Khuwaylid Ibn Asad (le père de Khadîjah) et demanda la main de Khadîjah pour son neveu.

On dit également que c'est son oncle Abû Tâlib qui accompagna le Messager de Dieu (saws) et que c'est lui qui a fait le discours du mariage. Il y dit entre autres : "Mohammad n'a pas d'égal parmi la jeunesse de Quraysh tant sur le plan de la noblesse que du mérite et de la sagesse. Si du point de vue de la fortune il est modestement doté, la fortune telle l'ombre ne perdure jamais. Il désire épouser Khadîjah et elle lui échange ce sentiment."

D'après Ibn 'Abbâs (ra) et 'Â'ishah (ra) c'est 'Amr Ibn Asad (l'oncle de Khadîjah) qui accorda la main de Khadîjah au Messager de Dieu (saws) car Khuwaylid avait péri dans la guerre des Fujjâr.

La dot de Khadîjah

Ibn Hishâm dit : Le Messager de Dieu (saws) lui offrit une dot de vingt jeunes chamelles. Khadîjah fut ainsi la première épouse du Messager de Dieu (saws). Il n'épousa aucune autre femme de son vivant (ra).

Les enfants du Prophète et de Khadîjah

Ibn Ishâq dit : Elle mit au monde tous les enfants du Messager de Dieu (saws) à l'exception d'Ibrâhîm :

Al-Qâsim dont le Prophète porte la kunyah (il est d'usage dans la société arabe d'appeler les parents par le prénom de leur premier-né). Ainsi le Prophète (saws) s'appelle Abou Al-Qâsim, littéralement : le père d'Al-Qâsim.

At-Tâhir (Le Pur) et At-Tayyib (Le Bon) sont deux surnoms d'Al-Qâsim. Il fut ainsi surnommé du fait de sa naissance, après l'avènement de la mission prophétique, son premier prénom étant en réalité 'Abdallâh. Ses autres enfants furent Zaynab, Ruqayyah, Oum Kulthûm et Fâtimah (ra).

L'ordre de leur naissance

Ibn Hishâm dit : L'aîné de ses fils était Al-Qâsim, suivi d'At-Tayyib, puis d'At-Tâhir. L'aînée de ses filles était Ruqayyah, suivie de Zaynab, puis d'Oum Kulthûm, enfin de Fâtimah.

Ibn Ishâq dit : En ce qui concerne Al-Qâsim, At-Tayyib et At-Tâhir, ils décédèrent tous pendant la jâhiliyyah alors que toutes ses filles connurent l'islam, l'embrassèrent et émigrèrent avec le Prophète (saws) comme nous le verrons plus tard incha Allâh.

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D'un côté, une femme veuve. Selon la plupart des chroniqueurs, elle aurait eu, à cette époque, quarante ans, mais Ibn Habibl nous assure qu'elle n'avait que 28 ans. Elle appartenait à la tribu d'Asad, qui a produit le patrice `Uthmdn ibn alHuwairith ainsi que le prêtre Waraqah ibn Naufal, tous deux devenus chrétiens. Selon certain récits, la sueur de Waraqah lisait même la Bible. De son premier époux, le Taimite Abfl Hâlah, Khad^Ijah eut un garçon qui s'appela Hind. Devenue veuve, elle épousa le Makhzffmite `Atiq ibn `A'idh, et donna naissance à une fille, appelée également Hind. Riche et belle, elle se consacra à ses enfants et à ses affaires; et depuis la mort de son deuxième mari, elle refusa toujours les propositions d'un remariage.

De l'autre côté, un jeune homme, d'à-peine 25 ans. Plein de vigueur, mais modeste ; pauvre, mais charitable ; illettré, mais intelligent et honnête. Les chroniqueurs sont unanimes à dire que Muhammad avait les yeux noirs et grands, avec le globe rempli de lignes rouges. Doué d'une puissante vue, il pouvait compter onze astres dans la constellation des Pleiadesl. Son teint était blanc, sa bouche et ses dents brillantes ressemblaient à « des perles dans une boîte de rubis ». Avec un front large, une grosse tête, des sourcils arqués, dont les poils se rejoignaient au-dessus du nez, il avait un estomac serré ne dépassant pas la ligne de la poitrine ; le corps dépourvu complètement de poils ; ses cheveux n'étaient ni crépus ni droits ; il avait les paumes pleines, et la plante des pieds ne présentant pas de creux, à tel point qu'elle laissait une trace uniforme sur la terre. Avec la poitrine large et les jambes minces, il avait un nez long et arqué.

Il avait une voix douce et très claire, et parlait si lentement qu'on pouvait compter les lettres des mots qu'ils prononçait. Il aimait à soigner sa coiffure, et il laissait croître une jolie barbe, qu'il parfumait, ainsi que ses cheveux, qui souvent touchaient ses épaules. Là partie supérieure de sa taille était longue, et lorsqu'il était assis en compagnie, il était toujours plus grand que son entourage. II marchait très vite, comme s'il descendait une pente. Il était beau, et pour l'un de ses diciples « il était plus beau que la lune de la quatorzième nuit ».

Khadîjah ne tarda pas à ressentir un attachement cordial envers son agent de commerce. Elle l'appela souvent chez elle sous prétexte d'affaires ; elle lui envoya de plus en plus des cadeaux de fruits de saison et d'autres menus présents. Muhammad, plein de pudeur et de timidité, tenait les yeux toujours baissés. Après avoir hésité pendant quelque temps, elle décida un jour de confier son secret à une amie, Nufaisah, et de lui demander de faire le nécessaire convenablement et discrètement.

Les chroniqueurs disent que Nufaisah était une maulât (métèque) et une muwalladah (née d'un parent non-arabe). Suhaili nous assure qu'elle était kâhinah. Cela signifie-t-il d'origine juive ? On mentionne rarement son père ; et elle est généralement citée comme fille d'une certaine Munyah, sa mère ou sa grand'mère ; cela probablement pour des raisons sociales quelque peu négligeables. Elle était bien choisie pour sa mission ; car, avec ses origines, elles pouvait plus facilement parler à un homme dans les rues de la ville que ne le pouvait une femme distinguée. Il se peut que Muhammad l'ait déjà connue chez Khadîjah où tous les deux fréquentaient.

Quoi qu'il en soit, Nufaisah trouva un jour l'occasion de parler à Muhammad dans l'intimité. Elle lui dit : « Tu es maintenant assez âgé ; tu es de bonne famille, et tu es réputé pour ton bon caractère, pourquoi donc ne te maries-tu pas ? Tu dois facilement trouver une fille convenable. Muhammad s'excusa en disant qu'il n'avait pas les moyens d'entretenir un foyer séparé. Et elle de dire : Mais si tu en trouves une qui soit riche en même temps que belle et de bonne famille ? Tout étonné, il lui demanda : Qui peut-elle être ? Nufaisah répondit ; Khadîjah ! Muhammad reprit : Impossible qu'elle m'accepte : tous les riches de la ville l'ont recherchée et elle n'a fait que refuser. Nufaisah l'assura : Si la proposition te plaît, confie-moi cette affaire, et je parlerai à notre amie commune. Muhammad comprit probablement qu'une telle confiance pouvait bien comporter une mission.

Plus tard, Khadîjah fixa une date pour la cérémonie des noces. Au moment voulu, Muhammad, accompagné de son oncle Abû Tâlib et d'autres proches, se rendit à la maison de la fiancée, où tout était prêt pour une grande fête. Khadîjah avait perdu son père lors de la guerre de Profanation ; comme de droit, c'était son oncle 'Amr ibn Asad qui devait donner son consentement au mariage. Quelques chroniqueurs nous fournissent certains détails sur le déroulement de la cérémonie, qui, s'ils sont authentiques, nous éclairent un peu sur la vie féminine et sociale de la Mecque à cette époque

On rapporte que Khadîjah n'avait pas osé demander préalablement la permission de son oncle, craignant peut-être ses objections contre la pauvreté de Muhammad ; elle l'avait invité, comme d'autres membres de sa famille, sans lui précisier le véritable objet de la réunion. L'oncle de Muhammad, lui, attendait le signal de Khadîjah pour prendre la parole comme il était coutume. On mangea, et Khadîjah fut particulièrement attentive à la boisson de son oncle. Lorsque celui-ci commença à être ivre, sa nièce le couvrit d'un beau manteau, le fit oindre du parfum khalûq (préparé avec du safran), et fit un signal à Abû Tâlib, qui se leva, et comme de coutume, demanda l'approbation formelle du chef de la famille de la femme.

Dans son discours, il fit allusion aux qualités de Muhamamd, avec lesquelles aucun jeune Mecquois n'aurait pu rivaliser. Il ajouta qu'il n'était pas riche, mais que la richesse elle-même était passagère comme une ombre ; que les deux s'aimaient beaucoup et s'entendaient bien, et que rien ne convenait mieux que de les réunir ! Waraqah ibn Naufal, cousin de Khadîljah et son grand ami, était sans doute dans le sercet : il se leva alors, et appuya la proposition, en disant que : « Muhammad était comme un chameau de race, qui n'a pas besoin d'être bâtonné sur le nez pour s'asseoir ».

L'oncle ne bougea pas, et il fut admis que son silence signifiait l'approbation. Au milieu des acclamations et des félicitations habituelles les invités se précipitèrent sur les dattes sèches et le sucre qu'on avait coutume de jeter sur la tête de l'époux. Ce ne fut que vers le soir que le vieil oncle 'Amr se réveilla de son sommeil, et, tout étonné, demanda d'où venaient des parfums et des fumées odorantes, les habits d'honneur et la musique ? Khadîjah de dire : « Mais c'est toi qui m'as mariée aujourd'hui avec Muhammad, fils de `Abdallâh, devant les notables de la ville... ».

Il y eut quelques vives altercations entre le vieil oncle et son indépendante nièce (Ibn Sa'd ajoute même que certains jeunes parents des deux époux mirent leurs armes à la main, mais n'eurent pas besoin de les employer), et lorsque 'Amr vit que le marié était un noble de haut rang et que Khadîjah ne voulait céder en rien, il crut devoir se taire et laisser de bon gré le mari emmener sa femme chez lui'.

Cet incident, affirmé par certains auteurs et rejeté par d'autres, n'a rien d'impossible. Mais s'il est véridique il s'agit évidemment de quelque chose d'assez rare dans la société mecquoise.

En tout cas, Muhammad et sa famille n'ont rien fait pour égarer une femme ; et même Khadîjah n'a fait que faire valoir son droit en dépit des préjugés mesquins de son oncle contre la pauvreté. Ce fut avant l'Islam.

D'après Ibn Hichâm, le matir (prix que le mari verse à sa femme, et non aux parents de la femme) consista, à cette occasion, en 20 chamelles ; mais d'après Ibn Habib3, ce fut 12 onces d'argent (soit 480 dirhams), et d'après un autre récit du même auteur, 500 dirhams. Comme de coutume, à l'arrivée de l'épouse à la maison, l'époux fêta le mariage à son tour, et la viande de deux chameaux, dont parle le récit, signifierait qu'au moins 200 personnes avaient été invitées.

Après un délai discret de quelques jours, Muhammad quitta la maison de son oncle, pour aller habiter dans la maison de sa femme. Sa vie conjugale fut des plus heureuses. Même aujourd'hui, lors des noces chez les Musulmans, au moins dans l'Inde, et la Turquie, le cadi dans son sermon de mariage prononce entre autres choses : « Que Dieu réunisse ce couple dans la même amitié qui existait entre Adam et Eve... et entre Muhammad et Khadîjah ».

Dans l'espace de dix ans, Khadîjah donna naissance à une demi-douzaine d'enfants. Le premier fut un fils, Qâsim, mais il mourut en nourrice, alors qu'il commençait à peine à marcher. Le mariage eut lieu en l'an 595 (28 avant l'Hégire, 15 ans avant la mission divine). Qâsim naquit probablement en 27 avant l'Hégire. D'après Ibn Hazin (p. 38), Khadîjah appela son aîné du nom d'un de ses ancêtres 'Abd al-'Uzzà (qui signifie : adorateur de la déesse al-`Uzzà) ; mais comme Muhammad n'aimait pas de tels noms, il le fit changer en Qâsim (ce qui veut dire : Celui qui distribue, surtout la charité).

Nous avons déjà parlé des enfants de Khadîjah de ses deux premiers maris, mais dans la vie familiale de Muhammad à la Mecque, c'est à peine si l'on en parle. Probablement, d'après les coutumes de la ville, ils avaient été pris en charge par les parents de leurs pères, et ce n'est que de temps en temps qu'ils venaient visiter leur mère. L'enthousiasme avec lequel Hind (fils de Khadîjah et d'Abû Hâlah), décrivait la physionomie de son beau-père Muhammad (dans le passage que nous avons déjà cité), montre que Muhammad le traitait avec beaucoup de gentillesse lorsqu'il était petit et venait visiter sa mère.

La nourrice Halîmah devait être très heureuse de voir que son fils avait une belle épouse, un riche foyer, et tout ce qu'il fallait pour une vie convenable. Elle dut être d'autant plus heureuse que sa belle-fille la traitait avec beaucoup d'égards. Sahaili' nous dit en effet que lorsque Halîmah vint voir Muhammad après son mariage, Khadîjah lui donna plusieurs chamelles. La vieille rentra chez elle pleine de gratitude. D'après Ibn Sa'dl, et probablement à une époque postérieure, Halimah vint se plaindre de la sècheresse auprès de Khadîjah, et cette fois elle reçut 40 moutons, et un chameau pour monture.

Il n'y a pas de doute que Muhammad aimait tendrement sa femme. Plus tard, à Médine, après la mort de Khadîjah, lorsque Muhammad s'était marié de nouveau, sa jeune femme chérie, `A'ichah, eut souvent du chagrin et de la jalousie, car Muhamamd ne cessait de rappeler la tendresse et l'amabilité de « cette vieille femme de la Mecque morte depuis longtemps », comme la jeune femme voulait l'appeler.

Pendant les quinze ans qui s'écoulèrent entre son mariage et sa Mission divine, comment se comporta-il ? Khadîjah nous en parle: Lors de la première révélation du message divin, Muhammad fut effrayé, et eut peur qu'il ne s'agît d'une tentation du diable, qu'il détestait tant. Khadîjah le consola ainsi « N'aie pas peur. Dieu ne te mettra jamais dans le mal : Dieu ne te fera que du bien, car tu aides tes proches, tu soutiens ta famille, tu gagnes honnêtement ta vie, tu maintiens les autres dans la droiture, tu donnes asile aux orphelins, tu dis la vérité, tu ne t'appropries pas frauduleusement les dépôts, tu secours ceux qui n'ont rien, tu fais du bien aux pauvres, et tu traites avec courtoisie tout le monde. »

Même en faisant la part de l'interlocuteur et de l'occasion, cette citation nous apprend clairement que Muhammad ne touchait pas à l'argent de sa femme, mais qu'il gagnait assez pour entretenir sa famille. Il s'occupait du commerce pour son propre compte, mais bien sûr il se peut qu'il ait continué aussi à s'occuper des affaires de sa femme, car les biens de la femme chez les Mecquois ne devenaient point au mariage les biens du mari, mais la propriété absolue restait acquise à la femme.

Il y eut une famine à cette époque ; peut-être était-ce celle pendant laquel Halîmah était venue chercher le secours de son ancien nourrisson. Tabari, qui nous en parle, nous dit que, voyant toutes les difficultés dans lesquelles Abû-Talib se trouvait à cause de la famine pour entretenir une grande famille, Muhammad se rendit chez `Abbâs, un autre oncle, qui était plus riche, et lui dit : « Abû Tâlib a beaucoup de difficultés en ce moment ; il serait charitable de prendre un de ses enfants chez toi, comme moi je vais le faire. Ja'far fut ainsi adopté par `Abbâs, et `Alî par Muhammad.

Un jeune Arabe, Zaid ibn Hârithah, fut fait prisonnier de guerre dans quelque coin de l'Arabie, lors d'une des incessantes razzias, et il fut vendu comme esclave. Après avoir plusieurs fois changé de mains, le pauvre jeune homme arriva enfin à la Mecque, où Muhammad, d'accord avec sa femme, l'acheta. Le temps passa, et lorsque les parents de l'esclave surent où la malheureux se trouvait, ils vinrent à la Mecque avcc assez d'argent pour une rançon convenable. Lorsque le père et l'oncle de Zaid se rendirent chez Muhammad et expliquèrent l'objet de leur visite, il deur dit : « J'ai baucoup de sympathie pour vous, mais votre enfant est comme mon enfant ici ; demandez-le lui ; et s'il veut aller avec vous, je le lui permets sans aucune rançon de votre part ». Comme ils interogeaient leur fils celui-ci leur dit : :« J'ai vu en mon maître quelque chose qui me le fait préférer à tous, à jamais ». Touché par les paroles de Zaid, Muhammad se rendit devant la Ka'bah, et proclama publiquement qu'il affranchissait Zaid et l'adoptait comme fils. Le père et l'oncle de Zaid retournèrent tristement chez eux, mais complètement rassurés sur la situation de leur enfant'.

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