LE PROPHETE
Mohammed
La maladie de mort du Prophète (saws)
Le récit de 'Âicha (qu'Allah soit satisfait d'elle): 'Ubayd-Allah ibn 'Utba a dit: J'entrai chez 'Âicha et lui dis: "Ne voudrais-tu pas me parler de la maladie de l'Envoyé d'Allah (pbAsl)?"
- "Si!", répondit-elle. Elle commença alors en ces termes: "L'état du Prophète (pbAsl) s'était aggravé sous l'effet de la maladie. Or, il demanda si les fidèles avaient fait la prière.
- "Non, lui répondîmes-nous, ils t'attendent, ô Envoyé d'Allah".
- "Qu'on mette de l'eau dans le bassin", dit-il. Nous en mîmes; il se lava et voulut ensuite se lever, mais il tomba évanoui. Revenu à lui, il demanda de nouveau si les fidèles avaient fait la prière.
- "Non, lui répondîmes-nous, ils t'attendent ô Envoyé d'Allah". Il nous ordonna de lui mettre de l'eau dans le bassin; se lava, essaya de se lever; mais retomba évanoui. Ayant ensuite repris ses sens, il demanda encore: "Les fidèles ont-ils fait la prière?".
- "Non, répliquâmes-nous, pas encore, ils sont toujours dans ton attente". Il ordonna de mettre de l'eau dans le bassin; se lava, essaya de se lever et encore une fois tomba en syncope. Une fois revenu à lui, il dit: "Les fidèles ont-ils fait la prière?".
- "Non, répondîmes-nous, ils t'attendent, ô Envoyé d'Allah!". Réunis dans la mosquée, les fidèles attendaient l'Envoyé d'Allah (pbAsl) pour faire la prière de 'ichâ' (du soir)". Alors, le Prophète (pbAsl) envoya chercher Abou Bakr pour présider la prière. Le messager alla trouver celui-ci et lui dit: "L'Envoyé d'Allah (pbAsl) t'enjoint de présider la prière des fidèles". Abou Bakr, qui était tendre du cour, s'adressa alors à 'Umar en lui disant: "Préside toi-même la prière".
- "Non, reprit 'Umar, toi tu en as plus de droit". Abou Bakr présida donc la prière durant ces jours. Puis, l'Envoyé d'Allah (pbAsl), sentant un jour une légère amélioration, sortit de chez lui, appuyé sur deux personnes dont Al-'Abbâs et se rendit à la prière de zhuhr (de midi) que Abou Bakr présidait. A la vue du Prophète, Abou Bakr voulut reculer, mais, d'un geste, le Prophète (pbAsl) l'enjoignit de ne pas bouger et, s'adressant aux deux personnes qui le soutenaient, il dit: "Faites-moi asseoir à côté de Abou Bakr". On déféra à cet ordre: Abou Bakr, étant debout, suivit la prière du Prophète et les fidèles suivirent celle de Abou Bakr. Durant ce temps, le Prophète (pbAsl) demeura assis. (Mouslim n°629)
D'après 'Anas ibn Mâlik (qu'Allah soit satisfait de lui), Abou Bakr dirigeait la prière des fidèles durant la maladie qui avait emporté l'Envoyé d'Allah (pbAsl). Un lundi, pendant qu'ils étaient rangés pour la prière, l'Envoyé d'Allah (pbAsl) souleva le rideau de la chambre et se mit à les regarder. Il se tenait debout, son visage ressemblait à un papier de parchemin et il souriait. Nous fûmes si émus de la joie de le revoir. Quant à Abou Bakr, il se mit à reculer pour gagner sa place parmi la rangée des fidèles, pensant que le Prophète (pbAsl) allait venir diriger lui-même la prière. Mais, d'un geste, le Prophète (pbAsl) nous fit signe d'achever la prière et laissa ensuite retomber le rideau. Le même jour l'Envoyé d'Allah (pbAsl) rendit le dernier soupir. (Mouslim n°636)
D'après Abou Mûsa (qu'Allah soit satisfait de lui), Le Prophète (pbAsl) tomba gravement malade. Il dit alors: "Donnez l'ordre à Abou Bakr de diriger les fidèles dans la prière".
- "Abou Bakr, fit observer 'A'icha, est un homme au cour tendre; quand il se tiendra à ta place il sera incapable de diriger les fidèles dans la prière".
- "Donne l'ordre à Abou Bakr de diriger les fidèles dans la prière, reprit-il. Vraiment vous êtes telles les dames de Joseph (vous discutez trop et vous insistez trop)!".
Abou Bakr dirigea ainsi les fidèles dans la prière du vivant de l'Envoyé d'Allah (pbAsl). (Mouslim n°638)
D'après Sahl ibn Sa'd As-Sâ'idî (qu'Allah soit satisfait de lui), l'Envoyé d'Allah (pbAsl) était allé chez les Banû 'Amr ibn 'Awf pour rétablir la paix parmi eux. Comme l'heure de la prière était arrivée, le muezzin vint trouver Abou Bakr et lui dit: "Veux-tu présider la prière pour que je fasse le second appel?".
- "Oui", répondit-il. Abou Bakr présida la prière, mais au cours de laquelle, l'Envoyé d'Allah (pbAsl) arriva à la mosquée. Il se fraya un passage à travers les fidèles et se mit au premier rang. Les fidèles battirent des mains (pour attirer l'attention de l'imam), mais Abou Bakr ne se retourna pas et continua sa prière. Puis, comme les fidèles faisaient plus de bruit, il se retourna et aperçut l'Envoyé d'Allah (pbAsl). Celui-ci lui fit signe de demeurer en sa place. Abou Bakr éleva les mains et loua Allah, à Lui la puissance et la gloire, pour l'ordre que venait de lui donner l'Envoyé d'Allah (pbAsl). Ensuite, il recula et alla prendre place au premier rang parmi les fidèles. Alors l'Envoyé d'Allah (pbAsl) s'avança, fit la prière et quand elle fut achevée il dit: "O Abou Bakr, qu'est-ce donc qui t'a empêché de rester à ta place puisque je t'en avais donné l'ordre?".
- "C'est, répondit Abou Bakr, qu'il n'appartenait pas au fils de Abou Quhâfa (surnom de Abou Bakr) de diriger la prière en présence de l'Envoyé d'Allah (pbAsl)". Puis, s'adressant aux fidèles, l'Envoyé d'Allah (pbAsl) dit: "Pourquoi donc avez-vous tapé des mains si bruyamment? Celui d'entre vous qui, étant en prière, voulut exprimer quelque chose, qu'il glorifie Allah car cette glorification attire l'attention de l'imam. Seules les femmes sont autorisées à claquer des mains pour cette fin". (Mouslim n°639)
Anas (ra) a dit: «Dieu honoré et glorifié n'a cessé de faire des révélations au Messager de Dieu (saw) jusqu'à sa mort; si bien, qu'au moment de sa mort, il avait reçu le plus de révélations». (al-Boukhâri, Mouslim)
Les derniers instants de la vie du Prophète (saws)
D'après 'Âicha [rah] : "L'Envoyé d'Allâh [sallallahu 'alayhi wa sallam] avait près de lui une outre contenant de l'eau. Il se mit à introduire sa main dans l'eau et à essuyer son visage en disant : "Il n'y de Dieu qu'Allâh. La mort a ses affres". (Al-Boukhâri)
Anas a dit: « Au momment de son agonie, le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) fut très éprouvé. Sa fille Fâtima se mit à dire: "Quel malheur, O père" ! Il lui dit : "Plus d'épreuve pour ton père après ce jour" ». (Al-Boukhâri)
Ibn Mas'oud (Radhiallâhu 'anhu) rapporte le récit suivant : « Nous nous sommes retrouvés dans la pièce de notre mère 'Âicha. L'Envoyé d'Allâh (sallallahu 'alayhi wa sallam) regarda et les larmes tombèrent de ses yeux. Il nous annonça sa mort puis il nous dit : soyez les bienvenus. Qu'Allâh vous salue avec la paix, qu'Allâh vous garde, qu'Allâh vous protège, qu'Allâh vous unisse, qu'Allâh vous assiste, qu'Allâh vous accorde la réussite, qu'Allâh vous apporte profit, qu'Allâh vous élève, qu'Allâh vous préserve ! Je vous recommande la crainte révérencielle d'Allâh et je vous recommande à Allâh, c'est Lui qui se charge de vous ! Nous lui avons demandé : O Envoyé d'Allâh ! A quand la fin de votre vie ? Il nous dit : la fin est proche. Le retour est vers Allâh, vers le Lotus de la limite, le paradis final et le haut Firdaws. Nous dîmes : O Envoyé d'Allâh ! Dans quel linceul devons-nous vous ensevelir ? Il dit : dans mes présents vêtements si vous voulez ou dans un tissu yéménite ou un tissu blanc. Nous dîmes : O Envoyé d'Allâh ! Qui doit prier sur toi ? Et nous pleurâmes. Il dit : attendez, qu'Allâh vous prenne en Miséricorde ! Et qu'Allâh vous récompense par le bien pour votre Prophète ! Après m'avoir lavé et enseveli dans mon linceul, mettez-moi sur mon présent lit sur le bord de ma tombe, puis sortez et laissez-moi pendant une heure, car le premier qui doit prier sur moi c'est mon ami et bien aimé Djibrîl ('ailayhi sallam), puis c'est Mikaîl, puis Israfaîl puis l'ange de la mort, puis une multitude d'anges. Ensuite entrez chez moi par groupes successifs. Priez sur moi et saluez-moi, mais ne me gênez par aucun éloge déplacé, par aucun bruit ou cri. Que les hommes de ma famille commencent par prier sur moi, ensuite leurs femmes, ensuite vous-même. Saluez ceux parmi mes compagnons qui sont absents ainsi que ceux qui me suivront dans ma religion jusqu'au Jour de la Résurrection. Et je vous prends à témoin que je salue tous ceux qui embrassent l'Islâm. » (Tabarânî - hadîth très faible)
L'Archange Djibrîl (As) vint le voir trois jours avant sa mort, et lui dit : "O Muhammad ! Allâh m'envoie vers toi et te demande ce qu'Il sait mieux que toi et Il dit : comment te trouves-tu ? Il répondit : je me trouve affligé et je me trouve éprouvé. Djibrîl (As) revint le deuxième jour, lui posa la même question et il reçut la même réponse. A ces instants l'ange de la mort [Malak al-mawt] se présenta et demanda l'autorisation. Djibrîl (As) dit alors : O Muhammad ! voici l'ange de la mort qui te demande l'autorisation. Il ne l'a jamais demandée à un humain avant toi et il ne la demandera jamais à un humain après toi. Il lui dit : Donne-lui l'autorisation d'entrer et il entra. Il se mit devant lui, et dit : Allâh m'a envoyé vers toi et m'a ordonné de t'obéir. Si tu m'ordonnes de ravir ton âme je le ferai et si tu m'ordonnes de la laisser, je la laisserai. L'Envoyé d'Allâh (sallallahu 'alayhi wa sallam) lui dit : tu ferais ça, O ange de la mort ? Il dit : c'est qu'on m'a ordonné d'obéir. Puis Djibrîl (As) ajouta : O Ahmad ! Allâh aspirea rdemment à toi. Il dit alors : Fais ce qu'on t'ordonne O ange de la mort ! A ces mots Djibrîl (As) dit : Paix sur toi O Envoyé d'Allâh ! [as-Salâmou 'aileyka Yâ RassoulouLLâh] C'est mon dernier passage sur la terre. C'est toi qui était le but de mes venus dans ce bas-monde. » (Al-Boukhâri)
L'Envoyé d'Allâh (sallallahu 'alayhi wa sallam) mourrut en étant adossé à la poitrine de son épouse 'Âicha (radhiallâhu 'anha) en portant n vêtement feutré et un manteau ample et épais. Sa fille Fâtima, se leva pour se lamenter en disant : O père ! Tu as répondu à l'appel de ton Seigneur ! O père, le paradis du haut Firdaws est le lieu de ton séjour ! O père ! à Djibrîl nous anonçons ta mort ! O père ! Combien tu es proche de ton Seigneur ! Puis, lorsqu'on l'a mis dans sa tombe elle dit : O Anas ! Comment vos âmes ont-elles pu accepter que vous versiez la terre sur l'Envoyé d'Allâh (sallallahu 'alayhi wa sallam) ?" (Al-Boukhâri)
C'était le 13 Rabî` Al-Awwal, de l'an 11 après l'Hégire, soit le 8 juillet 633 E.C. Il avait alors 63 ans.